Parmi les multiples pépites cinématographiques venues d’Asie habitant l’imaginaire de nombreux cinéphiles, certaines restent encore totalement inconnues du grand public. C’est le cas des fameux Catégorie III (ou HKIII) venus tout droit de Hong Kong, souvent synonymes de cinéma d’exploitation où le sexe, l’ultra violence et l’immoralité sont présents jusqu’à l’excès.
Cette appellation, créée en 1988, désigne avant toute chose une catégorie de films ayant envahi le japon dans les années 90, le pallier final de ce qui est admissible en terme de visionnage. Ce label, immédiatement identifiable par son nom et attribué par un comité de censure, indique très clairement au spectateur les thématiques qui seront abordées au sein du film.. et son caractère sulfureux. Si le succès des HKIII aura en effet permis à certains cinéastes de proposer des spectacles extrêmes dans le but de surfer sur cette mode, d’autres écoperont de cette catégorisation malgré eux, car jugés comme « contraire à l’éthique » – le plus souvent pour des raisons politiques.

Il est difficile de l’imaginer lors du visionnage des long-métrages estampillés HKIII, mais les conditions ayant entraîné cette vague de films extrêmes hongkongais ne résultent pas d’une situation des plus simples. En raison du contexte géo-politique de l’époque pour le moins complexe entre le Japon, la Chine et le Royaume-Unis, il était totalement interdit de moquer/critiquer les différents pouvoirs en place ou de mettre en image la violence au cinéma. Les spectateurs hongkongais auront pourtant dès les années 70 été habitués à des films de ce genre grâce à la célèbre maison de production Shaw Brothers, dont on peut considérer qu’elle posait les bases ce que deviendraient les HKIII. Mais nous restons loin des excès de certains long-métrages à venir, qui iront très loin dans le domaine du trash et de la critique, notamment sous la direction du cinéaste Mou Tun-Fei (Camp 731).
C’est finalement fin des années 80 qu’un accord fut trouvé pour créer un système de classification de films, permettant donc l’apparition des Catégories III.
Il est cependant important de souligner que même s’il s’agit d’une interdiction au moins de 18 ans dans son pays d’origine, ce statut ne correspond en rien à du cinéma pornographique. Il s’agit d’un avertissement concernant le contenu proposé. Notons d’ailleurs qu’en francophonie, cette classification est l’équivalent d’un film déconseillé aux moins de 16 ans.

C’est réellement dans les années 90 que les HKIII vont se multiplier à coup de sabres, d’intestins, de nudité et d’éléments grand-guignolesques, pour le plus grand bonheur des amateurs de cinéma déviant. Les Catégorie III vont toucher un large panel de genres, en allant du cinéma érotique au film d’horreur, jusqu’au film d’action – et parfois les recoins les plus obscurs du 7ème art. Il s’agit probablement de l’un des courants les plus variés et riches existants, bien qu’animé de personnages récurrents : des psychopathes cannibales, des dérangés sexuels (le plus souvent possible inspirés de faits réels),…
Il est dès lors fascinant de constater à quel point les films estampillés HKIII, malgré leur diversité, arrivent à être immédiatement identifiable comme tel.

Les Catégories III auront eu leur lot de réalisateurs, d’acteurs et de films cultes restant aujourd’hui légendaires. Des cinéastes comme Herman Yau à qui l’on doit les sulfureux (et probablement plus connus) représentants du courant que sont Ebola Syndrome et The Untold Story, tous deux avec Antohny Wong (Infernal Affairs,…) auront tôt fait de poser les bases du genre. Nous pourrions citer également Sex and Zen comme le porte étendard du pan érotique, qui reste probablement l’une des œuvres les plus drôles proposées par les HKIII.
Cette vague contaminera tout le paysage cinématographique hong-kongais mais finira par s’éteindre après seulement quelques années. Cependant, si sur le plan formel les Catégories III sont aujourd’hui mortes, on en retrouve quelques héritiers de poids encore de nos jours. Depuis plus de 20 ans le cinéma sud-coréen déferle sur nos écrans en proposant tout autant des polars noirs (Memories of Murder, I Meet The Devil,…) que des œuvres politico-Erotiques (Mademoiselle,…). Il n’est pas interdit d’y voir une forme de continuité et d’héritage de toutes les œuvres du courant HKIII. Ceci n’est que suppositions, mais peut-être n’aurions nous jamais eu droit au cinéma de Bong Joon-Ho ou Park Chan-Wook sans la richesse et la folie des Catégories III.

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Article rédigé par Vladimir Delmotte